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Toujours plus (fatigués) : une enquête sur notre obsession de l’intensité


@Mickaêl MUSSARD
@Mickaêl MUSSARD

« Ce n’est pas que tu as perdu ton attention. C’est qu’on te l’a volée. »

- Johann Hari (Stolen Focus).


Alors que s’ouvre la saison 2025 sur les grands circuits d’ultra-trail, que les dossards s’accrochent et que les réseaux sociaux frémissent de récits épiques à venir, il est peut-être temps de faire un pas de côté. De se demander pourquoi, dans notre quête de liberté, on s’attache encore davantage. Pourquoi, en fuyant le stress des villes, on part courir en montagne… avec une GoPro, une montre GPS et un partenariat nutritionnel. Pourquoi, même dans la boue d’un ultra, nous sommes devenus des produits marketés en mouvement.


Et si, derrière les chaussures de trail dernier cri, les podcasts de développement personnel et les routines de “biohacking”, se cachait Sisyphe, ce bon vieux personnage condamné à pousser sa pierre ? Peut-être qu’aujourd’hui, il court sur Strava. Peut-être qu’il cherche du sens dans un monde saturé de notifications, de fake news et de récits qui vont plus vite que la pensée.


Camus écrivait : « Il faut imaginer Sisyphe heureux. » Lucide, debout, actif, même face à l’absurde. Dans l’effort lui-même, il trouvait un sens. Une joie âpre, mais tenace.

Alors ce texte n’est pas un guide miracle. C’est une tentative. Une tentative de comprendre pourquoi nous sommes si fatigués. Pas seulement physiquement, mais mentalement, nerveusement, culturellement. Pourquoi nous vivons dans une spirale d’intensité où réfléchir devient suspect, où ralentir semble coupable, et où le silence fait peur.


C’est aussi un appel à réconcilier action et réflexion. Car agir sans réfléchir, c’est accélérer dans le brouillard. Et réfléchir sans agir, c’est rester sur le bas-côté.

Peut-être qu’il faut réapprendre à habiter nos efforts, à ralentir sans fuir, à penser sans s’effondrer, et à respirer sans culpabilité. Avec un peu d’humour. Un brin d’autodérision. Et beaucoup de curiosité.


Après tout, qui a dit que Sisyphe ne pouvait pas, lui aussi, faire une pause pour regarder le paysage ?



Prologue : Le réveil qui sonne, encore

C’est quand la dernière fois que vous ne l’avez pas repoussé, ce satané réveil ? Quand, à la question rituelle “Ça va ?”, avez-vous répondu autre chose que “Je suis crevé·e” ?

Fatigués de nos vies. De la course. De la lumière bleue. Des embouteillages. Du supermarché. Des enfants qui pleurent la nuit et des anniversaires surprises à organiser. Fatigués d’être en retard. Fatigués d’avoir toujours quelque chose à faire. Fatigués, oui, mais pas que.


Et si cette fatigue n'était pas seulement physique ou conjoncturelle ? Et si elle racontait quelque chose de plus profond ? Une fatigue mentale, existentielle, civilisationnelle même. Une fatigue, comme dirait Pascal Chabot, qui s’inscrit dans la structure même de nos sociétés, dans leur vitesse, leur excès, leur injonction à l’optimisation permanente.

Le philosophe Hartmut Rosa parle d’“accélération sociale” : une société où tout va plus vite, sauf notre capacité à nous y retrouver. À force de courir après le temps, ce n’est plus seulement notre corps qui s’épuise. C’est notre rapport au monde. Notre attention. Notre lien aux autres. À nous-mêmes.


Guillaume Millet, dans Défatiguez-vous, évoque la fatigue comme un déséquilibre entre la perception et la performance, entre ce que le corps sent et ce qu’on lui demande. Il y a là une clé : la fatigue moderne n’est pas que musculaire. Elle est aussi cognitive. Elle surgit d’une dissonance. D’une perte de sens.


Et cette perte s’amplifie dans un monde saturé d’informations, où les algorithmes nous poussent à cliquer, scroller, consommer, avant même de comprendre ce que l’on cherche. Tariq Krim parle d’une “guerre cognitive” dans le podacst "Sismique" de Julien Devaureix : une bataille pour notre attention, menée à coups de notifications, de dark patterns, de micro-séductions numériques. Nos esprits sont pris dans un filet dont nous avons parfois oublié jusqu’à l’existence.


Dans ce contexte, même les pratiques censées nous libérer — sport, randonnée, voyage — deviennent performatives. Partagées, commentées, trackées, elles finissent par rejoindre la spirale du toujours plus : plus loin, plus vite, plus de followers. Sisyphe version 2.0.

Et pourtant, dans cette même spirale, il y a aussi des échappées. Des instants de clairvoyance. Comme lorsque l’on court sans montre, sans objectif. Juste pour courir. Ou qu’on s’autorise à ne rien faire. Ou encore quand on reconnaît, humblement, qu’on est fatigué… mais qu’on sait pourquoi.


Une fatigue bien moderne

Le philosophe Tristan Garcia parle d'une obsession contemporaine : vivre intensément. Ce n’est plus la vérité, ni le bien, ni même le bonheur que nous poursuivons. C’est l’intensité. Un maximum d’expériences, de sensations, d’émotions. Comme si, pour être en vie, il fallait vibrer en permanence, être traversé·e par des pics émotionnels comme un cœur dopé au numérique.


Mais l’intensité, c’est aussi l'épuisement. Car à force de chercher le sommet, on creuse le fond. Chaque excitation produit sa redescente. Le cerveau, saturé de dopamine, réclame toujours plus pour produire le même effet. Et ce « plus » devient un piège : on finit par vivre dans un état de semi-manque permanent, où l’effort à fournir pour retrouver un semblant de plaisir devient lui-même source de fatigue.


Ce n’est plus seulement le corps qui peine : c’est notre seuil de stimulation qui s’effondre. Il nous faut plus de bruit, plus de contenus, plus d’émotions pour ressentir quelque chose. Cette inflation de l’intensité finit par anesthésier le réel. Comme le disait déjà Baudrillard : « La saturation des signes rend les choses illisibles. »


Dans les sports d’endurance, cette logique se prolonge : on veut dépasser ses limites. C’est noble, inspirant, parfois salvateur. Mais à quel prix ? On empile les kilomètres, les challenges, les exploits. L’ultra n’est plus une exception. Il devient une norme. Une étape logique. Une case à cocher dans le grand CV existentiel.


Une étude menée par Nadia Portelli (Breaking Human Limits, 2023) montre que pour beaucoup de coureurs d’ultra, ces efforts extrêmes sont vécus comme des voyages existentiels. « Ce n’est pas une course, disait l’un d’eux, c’est une manière de savoir qui je suis. Ou ce que je peux endurer. Ou ce que j’essaie d’oublier. »


Derrière l’effort, il y a souvent une histoire. Une blessure. Une quête. Et parfois, un oubli : celui de se demander pourquoi, vraiment, on cherche à souffrir autant.

Et si notre fatigue n’était pas un accident… mais un choix ? Un choix inconscient, structuré par la culture de la performance, par l’impératif de faire ses preuves, même à soi-même.


Dans 24/7 de Jonathan Crary, l’auteur évoque une société qui ne dort plus, qui ne s’arrête plus, où l’optimisation du temps devient une forme de domination invisible. « Le repos devient subversif », écrit-il. Et dans ce contexte, ralentir, refuser l’intensité, c’est presque un acte de résistance.


Alors, que faire ? Peut-être, déjà, reconnaître le paradoxe. Accepter que nous sommes pris dans cette spirale. L’observer avec lucidité. Avec humour, aussi. Oui, on veut décrocher. Mais on regarde encore une vidéo YouTube sur “comment mieux décrocher”. Oui, on cherche le silence… via une appli de méditation à 12,99€/mois.


Et si on commençait par là ? Par rire un peu de nous-mêmes. Avant, peut-être, de retrouver le goût d’une fatigue choisie. D’un effort qui fait sens. D’un ralentissement qui n’est pas une fuite, mais un retour.


Un retour à soi. À ce qui compte. À ce qui dure.
@Cyril QUINTARD
@Cyril QUINTARD

Nos cerveaux aiment les gâteaux, pas les radis noirs

IImaginez votre cerveau comme un petit investisseur rationnel. Il calcule en permanence : « Quel est le bénéfice de cette activité par rapport à son coût ? »

Or, scroller sur Instagram ou lancer une série Netflix est ultra rentable : plaisir immédiat, coût cognitif nul. Lire un livre ou réviser un cours ? Bien moins attrayant. Et faire 12 x 400 m en côte sous la pluie ? On vous laisse deviner...


Les neuroscientifiques Jaan Aru et Dmitri Rozgonjuk parlent d’activités de type I (rapides, plaisantes, à faible coût) et de type II (lentes, exigeantes, à fort coût). Les premières activent puissamment le striatum, notre centre de la récompense. Les deuxièmes… beaucoup moins. Pourtant, ce sont elles qui sculptent l’expertise, forgent la discipline, construisent la résilience.


C’est tout le propos de Stolen Focus de Johann Hari : notre attention n’est pas déficiente, elle est volée. Volée par des environnements digitaux conçus pour capturer notre regard, nos gestes, notre pensée. L’auteur montre que ce n’est pas une faiblesse individuelle, mais un dysfonctionnement collectif, une architecture de l’économie numérique qui récompense l’interruption plus que la concentration.


Ce dilemme, c’est celui de notre époque. À force de choisir le gâteau au chocolat, notre cerveau rejette le radis noir. Mais c’est souvent ce radis — l’effort lent, la tâche ingrate, le silence productif — qui fait la différence sur le long terme. Les études montrent que la gratification immédiate renforce les circuits de la dépendance, tandis que l’engagement volontaire dans des tâches exigeantes active des réseaux neuronaux plus profonds, liés à la mémoire, à la planification, à la prise de décision.


C’est tout le paradoxe : plus nous cédons à la facilité, plus le difficile nous devient inatteignable. Et plus nous avons besoin de stimulation, plus nous perdons notre capacité à la savourer.


Le chercheur Jean-Philippe Lachaux évoque cette dérive dans ses travaux sur l’attention : « notre cerveau, livré aux écrans, devient un zappeur chronique ». Incapable de rester ancré. Fragmenté. Dispersé. Et fatigué.


Alors oui, courir sous la pluie n’est pas plaisant à première vue. Mais c’est peut-être dans cet effort inutile, gratuit, que se cache une reconquête : celle de notre attention. De notre volonté. De notre liberté intérieure.


Et si, parfois, il fallait réapprendre à aimer les radis noirs ?

La fatigue mentale comme symptôme de civilisation

Des chercheurs comme Jean-Philippe Lachaux ou Albert Moukheiber montrent que nos cerveaux sont hyper sollicités. Et mal armés pour résister.


Nous sommes comme des insectes dans le faisceau d’une lampe : attirés par les stimulations rapides et lumineuses. Mais à force de clignotements et de gratifications instantanées, notre attention se fragmente. Notre motivation s’effondre. Et notre capacité à endurer s’érode.


Dans Défatiguez-vous, Guillaume Millet et ses collègues explorent un paradoxe fascinant : parfois, pour lutter contre la fatigue, il faut… se fatiguer. L’exercice physique, même modéré, réactive les circuits de l’énergie, améliore la résistance à la fatigue neuromusculaire et restaure les boucles de motivation. À condition que ce soit adapté, progressif, et mesuré.


Ses travaux montrent que la fatigue chronique n’est pas uniquement une sensation, mais un déséquilibre mesurable entre perception et performance. Grâce à des outils comme l’ergomètre développé pour simuler des efforts écologiques (ex. vélo couché), on observe que les patients fatigués atteignent leur plafond plus tôt dans la journée, ce qui les pousse à moins bouger — cercle vicieux bien connu.


Et pourtant, l’activité physique reste l’un des traitements les plus efficaces, y compris face aux résistances inflammatoires, à la baisse de motivation ou à la diminution de la force spécifique musculaire.


Mais cette fatigue mentale s’inscrit aussi dans un cadre plus vaste. Comme le rappelle Tariq Krim dans son entretien récent sur la "guerre cognitive" contemporaine, nous vivons dans un environnement où nos capacités attentionnelles sont délibérément ciblées par les technologies. Ce n’est plus seulement une fatigue issue du rythme de vie ou du travail, mais une conséquence systémique d’un capitalisme de la captation.


La structure même d’Internet est passée d’un outil d’émancipation à une infrastructure de domination. Les réseaux sociaux, via leurs algorithmes, ne se contentent plus de capter notre attention : ils la manipulent, influencent nos comportements, biaisent nos opinions. C’est un coup d’État silencieux, algorithmique, où notre fatigue cognitive devient le symptôme d’une guerre invisible.


Krim parle d’une nouvelle forme de guerre : hybride, épistémique, menée avec des armes numériques. L’internaute n’est plus un citoyen éclairé, mais une cible de design comportemental. Cette perte d’autonomie cognitive est au cœur de notre fatigue : notre cerveau, saturé d’injonctions, de notifications, de récits concurrents, s’épuise à trier, décider, résister. La manipulation algorithmique devient alors un facteur direct de l’affaiblissement de nos contre-pouvoirs intérieurs.


Dans ce contexte, retrouver une souveraineté attentionnelle devient un acte de résistance. Cela passe par une réappropriation de nos rythmes, une hygiène numérique consciente, mais aussi un retour au corps, à la lenteur, à l’effort mesuré — exactement ce que défendent les travaux de Millet et ceux qui plaident pour une écologie de l’attention.


Résister à la fatigue mentale, ce n’est plus seulement une affaire de gestion de l’agenda ou de sommeil réparateur. C’est, au fond, reconquérir notre faculté à penser librement, à choisir où va notre énergie, et à redevenir auteur de notre présence au monde.



Reprendre le pouvoir sur notre attention (et notre énergie)

Alors, que faire ?

Il ne s’agit pas de renoncer à l’intensité, mais de choisir quand et comment la vivre. C’est là que la préparation mentale, la connaissance de soi, la métacognition entrent en jeu. Non pas pour devenir des machines à performance zen, mais pour retrouver un levier d’action au milieu du tumulte.


  • Anti-procrastination : reprogrammer l’amygdale, fixer des micro-objectifs, visualiser le plaisir d’avoir accompli la tâche. Des recherches comme celles de Sirois et Pychyl montrent que la procrastination est moins un problème de paresse qu’un évitement émotionnel. Réévaluer la tâche, se fixer une première étape minuscule, se projeter dans l’après : autant de stratégies pour reprendre la main.

  • Anti-fatigue : revoir la consommation de café, bloquer les distractions, se reconnecter à des activités lentes et sensées. Le cerveau fatigué n’a pas besoin de plus de stimulation : il a besoin de cohérence. Moins de multitâche, plus de respiration. Et parfois, moins de café… pour mieux dormir, et moins lutter.

  • Entraînement mental : alterner intensité et récupération, cultiver une attention volontaire, redonner du sens à l’effort. La pleine conscience, la respiration lente, la visualisation sont des leviers simples et puissants. Ils permettent de restaurer un lien entre corps et esprit, effort et sens, action et intention.


Les neurotransmetteurs nous soufflent des pistes : là où la dopamine pousse à l’instantané, la sérotonine nous relie à la durée. L’ocytocine, elle, rappelle que l’effort partagé — qu’il soit physique ou émotionnel — est souvent plus léger à porter.


Comme le rappelle Guillaume Millet, « la fatigue n’est pas une fatalité ». Elle est un signal. Une information. Un appel à réajuster.

Reprendre le pouvoir, ce n’est pas devenir invincible. C’est choisir — lucidement — où va notre attention. Et dans quel effort nous voulons investir notre énergie.

Car parfois, c’est en se fatiguant autrement… qu’on finit par se défatiguer.



Conclusion : Revenir à l’endurance du vivant

Il y a quelque chose de fondamentalement humain dans l’endurance. Elle ne consiste pas à aller toujours plus loin, plus vite, plus haut — mais à tenir. À durer. À s’ajuster. Elle est l’art de traverser sans se perdre, et parfois, sans savoir exactement vers quoi on va.

Dans une époque obsédée par l’instantané, l’endurance est une forme de résistance. Elle est le refus discret mais ferme de se laisser happer par le flux. Elle est aussi un retour aux fondamentaux du vivant : le rythme, l’alternance, la respiration, l’attention portée à l’essentiel.


Le coureur qui accepte de marcher. L’étudiant qui ferme ses écrans. L’entrepreneur qui décide de ralentir. L’enseignant qui fait une pause avant de parler. Tous, à leur manière, réintroduisent de l’espace là où règne la saturation. Ils reprennent le pouvoir non pas par la force, mais par la fréquence. Par la fidélité à ce qui compte vraiment.


Peut-être que la vraie intensité est là. Dans la lenteur choisie. Dans l’effort habité. Dans l’écoute du souffle plutôt que dans la recherche de l’exploit. Comme le dit le poète Christian Bobin : « Il faut parfois toute une vie pour apprendre à respirer. »


Alors, en 2025, peut-être que notre révolution intérieure passera moins par l’adrénaline que par l’endurance. Moins par la course que par la cadence. Moins par le “toujours plus” que par le “juste assez”.


Et si, parfois, le pas le plus courageux… c’était celui qu’on ose ne pas faire ?


Pistes d’exploration

  • Expérimentez une journée sans stimulation rapide.

  • Courez sans montre. Marchez sans but. Respirez sans objectif.

  • Posez-vous chaque matin deux questions : « Qu’est-ce qui compte aujourd’hui ? » et « Qu’est-ce qui me fatigue vraiment ? »

  • Ce n’est peut-être pas une réponse que vous trouverez. Mais un souffle nouveau.


Bibliographie

Bergson, H. (2001). L'évolution créatrice. PUF.

Bobin, C. (1998). La part manquante. Gallimard.

Camus, A. (1942). Le Mythe de Sisyphe. Gallimard.

Chabot, P. (2013). Global burn-out. PUF.

Garcia, T. (2016). La Vie intense : Une obsession moderne. Autrement.

Harari, Y. N. (2015). Homo Deus: A Brief History of Tomorrow. Harvill Secker.

Hari, J. (2022). Stolen Focus: Why You Can't Pay Attention—and How to Think Deeply Again. Crown Publishing Group.

Krim Tariq in "Sismique" : Le coup d'état numérique, Avril 2025

Lachaux, J.-P. (2016). Le cerveau attentif. Odile Jacob.

Millet, G., Hupin, D., & Morel, B. (2023). Défatiguez-vous. De Boeck Supérieur.

Moukheiber, A. (2019). Votre cerveau vous joue des tours. Allary Éditions.

Rosa, H. (2013). Accélération. Une critique sociale du temps. La Découverte.

Rozgonjuk, D., & Aru, J. (2022). The effect of smartphone use on mental effort, learning, and creativity. Trends in Cognitive Sciences.

Tesson, S. (2011). Dans les forêts de Sibérie. Gallimard.

Twomey, R. et al. (2020). Post-exertional Malaise in People With Chronic Cancer-Related Fatigue. Journal of Pain and Symptom Management, 60(2), 407-416.

Vigarello, G. (2020). Histoire de la fatigue. Le Seuil.

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