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Photo du rédacteurEric Lacroix

Courir facile... pourquoi ?

Dernière mise à jour : 4 mai 2020


"Without patience, you will never conquer endurance"


L’entraînement polarisé se résume à courir à 80% en basse intensité, et à 20% à haute intensité. En s’entraînant de la sorte on évite donc la zone d’intensité moyenne qui produit beaucoup de fatigue et peu de progression.

Mais en fait pourquoi vous demander de courir à allure faible en cherchant une certaine facilité ?


Pour cela, il faut tout d’abord donner la parole au Professeur Stephen Seiler (Norvège) qui a vraiment popularisé cette méthode.

Il nous raconte :

« J’ai assisté à l'entrainement de course à pied, en forêt, de certaines athlètes d'endurance (équipe de ski de fond entre autre) dont certaines avaient un niveau international. L'une d’entre elles, possédant un VO2 max supérieur à 60ml/mn/kg, m’a stupéfait…

Alors qu'elle courait tranquillement, elle arrive au pied d'une petite pente, et c’est alors elle stoppe et se met à marcher bien qu'elle aurait pu facilement passer cette côte en courant!

Je m’adresse à l’entraîneur qui se trouve à côté de moi et lui demande pourquoi elle s'est mise à marcher alors qu'elle pouvait largement courir.

Et l’entraîneur m’a répondu : L'objectif de la séance du jour est de ne pas faire monter les lactates »... Et de rajouter : "Chez vous aux USA (ndlr: Stephen était Américain avant de vivre en Suède), vous avez tendance à travailler beaucoup trop les intensités proches du seuil 2 et vous vous trompez".


Alors bien sûr, cette composante "métabolique" de l'entrainement n'est pas la seule composante, on est bien d'accord (il existe aussi les composantes mécanique, musculaire, psychologique…). Mais elle demeure quand même une composante majeure pour les efforts d'une durée supérieure à 2' (moment où le système aérobie devient prépondérant).


Dans le même sens, Scott Johnston et Steve House (auteurs de l'ouvrage "Training for the Uphill Athlete" en collaboration avec Kilian Jornet) nous mettent constamment en garde contre cette sacro-sainte pensée selon laquelle l'entrainement régulier de haute intensité (entraînement sexy, grisant, impressionnant et bien adapté aux réseaux sociaux) constitue la clé secrète de la performance dans les disciplines d'endurance. C'est un énorme leurre et il n'y a pas de raccourcis nous martèlent-ils. L'entraînement de haute intensité doit compléter mais surtout pas remplacer l'entraînement de basse intensité.


Et si nous évoquions également le français Serge Cottereau qui nous dit dans son livre "Bien être et jogging" (p.11) à propos de l'endurance :

"Si vous en voyez qui vous dépassent, il ne faut pas que cela vous influence. Faites ce que vous avez à faire. Peut-être sont-ils plus entraînés, depuis plus longtemps, plus doués, ou bien qu’ils commettent tout simplement l'erreur de faire leur entrainement trop vite ; c'est tellement fréquent".


Sur ce sujet le célèbre Néo-zélandais Arthur Lydiard tenait ces propos :

« En course à pied, la première chose à retenir est que si vous n'avez pas le temps de vous entraîner, la dernière chose à faire est de travailler les fractionnés autrement dit les séances intenses et rapides » (..) « Donc entraînez-vous mais ne vous épuisez pas » (« Train don't strain »).


Quand vous êtes fatigués, courez lentement (facile). Si lentement qu'une vieille dame avec ses cabas puisse vous dépasser ... (« Wen you rare feeling tired or jaded, run slow. So slow that old ladies with their handbags are passing you »). Nul ne sera "grillé" en pratiquant de la course aérobie (endurance). Ce sont trop de fractionnés que "l'école américaine" inflige à ses jeunes athlètes qui les mettent en burnout ! (« No one will burn out doing aerobic running. It is too much anaerobic running , which the American scholastic athletic system tends to put young athletes throuh, that burns them out ».


Le fameux entraineur italien Rénato Canova a aussi dans ce sens quand il répond sur une éventuelle recette magique de l’entrainement :

« Beaucoup de gens souhaitent avoir des conseils qui les rendent meilleurs en quelques semaines seulement. Vous voulez des entrainement magiques qui vous permettront d'obtenir des résultats plus rapides en quelques semaines ? Non mes amis, l'entrainement ne fonctionne pas comme ça. » (« Many people wish to have advice that makes them better in just few weeks. You want some magic workouts that will make you run faster results in just few weeks. No my friends, training does not work like this »).


Aussi un des problèmes des articles concernant les programmes d'entrainement des meilleurs athlètes est qu'il n'y a qu'une partie de l'entrainement, normalement la partie spécifique. Beaucoup de lecteurs supposent qu'il s'agit du type d'entrainement habituel du champion.

En fait, ce n'est pas vrai. (« One of the problemes of articles regarding training programs of the top athletes is that there is only a part of the training...normaly the sepcific part. Many readers suppose this is the usual type of training of he champion. Isntead, that's not true ») ».


Rénato Canova insiste d’ailleurs sur la patience à cultiver. Pour lui « patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ». Il attribue ainsi cette phrase à un des plus grands champions de course à pied, Haile Gebrselassie : « Vous ne pouvez pas construire une maison sans fondations ». En fait Hailé possède un gratte-ciel de 60 étages et un sportif normal une "maison" de 10 étages, et un coureur récréatif une de 3 étages mais dans tous les cas cela prendra 10 ans pour tout construire en augmentant le volume et l'intensité au cours de cette période. (« You cannot build a house without basis. Gebre can have a skyscrapper of 60 floors, a normal athlete a house of 10 floors and a n amateur of 3 floors, but in any case that spend 10 years for building everything, increasing both volume and intensity during this period ».


Pour finir, Stephen Seiler nous explique souvent ceci :

« La discipline dont font preuve les athlètes de haut niveau dans les sessions "faciles" est ce qui manque cruellement aux coureurs récréatifs.

Les premiers ne se laissent aucunement perturbés ou tentés par ceux ou celles qui les dépasseraient pendant ces séances alors que les seconds se font avoir par leurs égos "démesurés".

L'acceptation d'un faible niveau en endurance (caractérisé par exemple par la nécessité de ralentir voire marcher) est quelque chose de presque impossible pour certains alors que...


Le processus de compréhension de l'entrainement d'endurance est un processus long qui demande de…l’endurance. Au lieu donc de perdre beaucoup de temps à faire beaucoup

d'erreurs, à se griller, voir à se blesser (même si les sensations de courir vite sont très agréables, nous y reviendrons), il est bon, parfois, de prendre l'attitude de l'homme qui est «plus sage que le sage lui-même car l'Homme sage apprend de ses erreurs. L'homme plus sage apprend des erreurs des autres ».


Article collaboratif avec Jérome Rivière

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